Voici mon témoignage personnel en deux parties. À celles qui se lancent sur le marché du travail, les étoiles dans les yeux, à celles qui essaient de concilier tant d’aspects de leurs vie. À nos hommes aussi. Voici mon expérience, j’espère que vous pourrez en tirer quelques clefs et axes de réflexion concrets.
« Elle a trente huit ans. Deux merveilles d’enfants, un appartement en banlieue chic, un CDI de cadre sup, un mari banquier, de belles vacances … »
Un troisième loulou s’annonce. La joie ! Le job est top, les sollicitations nombreuses. Son organisation est millimétrée. Elle tient le rythme comme elle le fait depuis dix ans. Fière de dire « qu’enceinte, elle n’a pas posé un SEUL jour d’arrêt maladie ». L’émulation intellectuelle tout comme l’entente dans l’équipe est réelle. Ils travaillent sur la certification du labo. On lui confie le projet. Une fusion s’annonce dans le laboratoire pharmaceutique. Son agenda se remplit : « comment tout caser dans une journée de 1440 minutes ? » Sa santé est excellente.
« On sait s’organiser, ça va passer »
Août 2013. Plus qu’un mois et demi avant la naissance. Elle perd les eaux sur une A63 saturée de vacanciers. Une escorte de policiers surfe la route en sens inverse pour que l’ambulance arrive au CHU. Césarienne, néo-natalité. Ouf, le bébé va bien. Elle l’allaite et le garde contre elle pendant six mois. En janvier, elle remet ses talons et repart bosser. Pour la moitié de son salaire, une nounou à plein temps à la maison. « Murielle est G É N I A L E ! ». Quand elle quitte l’appartement à 7h45, le coeur pincé, elle se blinde pour ne pas culpabiliser. Ses paradoxes en poche, elle est contente de reprendre. Elle aime « son job ».
« Son poste divisé en trois. Ça passe mal »
A son retour, on prévient : « il faudra être au rendez-vous ». Son poste est important. « On compte sur sa bonne conscience professionnelle » pour absorber la fusion et ses changements. Elle découvre la pochette surprise : son poste de responsable adjointe a été divisé en trois. Sans avenant ni discussions. On a sorti les tâches majeures de son contrat et on les a confiées à d’autres.
« Éligible au plan social ? »
Du haut de ses talons, elle frappe à la porte de la DRH. La toute nouvelle directrice lui lance : « vous n’avez pas l’air très heureuse quand on passe devant votre bureau » et « Madame, on ne fait pas trois enfants quand on veut faire carrière à Paris ». Mais, ce n’est pas de carrière dont elle veut parler ! Elle demande à retrouver son poste. D’avoir les moyens et les délégations qui étaient initialement les siennes. Elle sait s’organiser, elle sait gérer une équipe. Elle alerte. Personne ne bouge. Elle pointe dans une société qu’elle ne reconnaît plus. Une culpabilité et une colère sourdes montent. « Ses enfants ont besoin d’elle et elle passe ses journées à un poste vidé de son contenu ? ». Elle a besoin de ce salaire. Les saisons passent sans réel changement.
« Congé parental : ça passe ou ça casse »
Mai 2015. Elle pose un congé parental à 600 euros par mois. Elle puise autant dans son épargne que dans son capital santé. Ses enfants ont deux, sept et huit ans. Sa santé bat de l’aile. Un an après, en août 2016, elle n’a plus le choix. Il est l’heure de reprendre « le poste fantôme ». Tentant une ultime négociation, elle demande à être éligible au plan social de l’entreprise ou à discuter d’autres options. Refus catégorique, « son poste est essentiel ».
« Arrêt sur image. Mode Avion »
« Quand la tête ne trouve plus de solutions, le corps prend les commandes ».